Le bâtiment principal, grande bâtisse dédiée à l’origine à un usage d’habitation, était peu adapté à son « nouvel » usage. Pendant 40 ans, ont donc été réalisés modifications, petites extensions, aménagements et autres transformations, afin d’adapter l’édifice, au coup par coup, aux besoins de l’institution. Cependant, une réflexion globale sur l’ensemble du site devenait impérative afin de résoudre au mieux des difficultés profondes liées à la fonction d’origine des bâtiments.

Le programme préétabli par le maître d’ouvrage mentionnait une série de demandes très factuelles (comme la création de surfaces supplémentaires, la construction d’une rampe d’accès PMR, la révision d’équipements et installations techniques, et autre petits travaux divers…) sans aborder le fond du problème : la dichotomie entre la fonction d’origine des bâtiments et son usage actuel…

Avant et pendant l’élaboration du projet, un long travail de réflexion et d’analyse a donc été mené avec des représentants du Centre, afin d’affiner les besoins, préciser les usages, enrichir les diagnostics, évaluer les contraintes, redéfinir les échéances, le tout en respectant et en utilisant efficacement l’enveloppe financière disponible. Globalement, la conception du projet a été menée en s’attachant à redonner au site une cohérence perdue au fur et à mesure des multiples interventions, à la fois dans les pratiques, les circulations et les usages, mais aussi dans l’architecture des ensembles. A l’issu de ce travail entre architecte et usagers, quatre objectifs majeurs ont été mis à jour, allant bien au-delà du programme initial tout en intégrant les besoins pragmatiques qui y étaient énoncés.

> Accueillir dans le Centre
Côté rue, l’accès à l’établissement était exigu, mal positionné et impossible pour les personnes à mobilité réduite. L’ensemble a été totalement repensé de façon à ce que l’accès puisse se faire facilement aux deux extrémités de la clôture tout en orientant les pas vers l’entrée principale du Centre et en dégageant les vues sur la façade. Un jeu d’escalier, emmarchements, rampes et palier de repos a permis de rendre l’ensemble accessible à tous, tout en libérant des espaces pour attendre, téléphoner, s’asseoir, etc…
L’entrée principale dans l’institution, qui était invisible de la rue a été déplacée : une grande baie vitrée, au centre de la nouvelle façade, a été ouverte, rendant intuitive et immédiate son identification. Afin de limiter l’impact des différentes écritures architecturales, et se protéger de la pluie, un auvent en prolongement de l’extension liaisonne les ensembles neufs et anciens, en restaurant les alignements.

> Enrichir les espaces communs intérieurs
Alors que l’entrée dans le Centre se faisait dans un couloir, c’est dorénavant un grand hall de 26m2 qui accueille adolescents, personnels, parents et visiteurs. Positionné au Rdc du bâtiment existant, il est devenu le cœur de l’institution en desservant d’un côté (avec l’extension) tous les espaces dédiés eu travail de l’équipe d’encadrement et à l’accueil des visiteurs, et de l’autre côté (dans le bâtiment ancien) tous les espaces dédiés aux adolescents (foyer, salle polyvalente, salle de cours, services, cantine, etc…)

> Offrir à l’équipe des locaux adaptés
Quarante personnes forment l’équipe assurant l’ensemble des activités médicales, éducatives, administratives et de direction de l’établissement. Cette équipe était jusqu’alors privée d’espaces dédiés, stratégiquement situés et adaptés aux différents aspects de leurs prérogatives professionnelles. A l’issue de l’analyse de ces dernières, il a été décidé d’inscrire dans l’extension tous les locaux nécessaires afin de regrouper les compétences et faciliter ainsi les échanges quotidiens tout en profitant d’une localisation optimale (accès direct du Hall, vues sur tous les espaces extérieurs, proximité des espaces communs).
L’emprise de l’extension s’est glissée dans les maigres interstices laissés par le PLU, à la fois au niveau du COS (utilisé au maximum) et du prospect très contraignant… Tout le travail a consisté, dans cette emprise définie avec un chausse-pied, à créer des espaces de travail agréables, facilement modifiables dans le temps, tout en intégrant les nombreuses demandes de l’équipe et en créant des liaisons simples, pratiques, efficaces avec le reste du site.

> Profiter de l’architecture pour agrémenter les espaces extérieurs
En même temps que la conception de l’extension, de nouvelles possibilités d’usage du jardin ont été imaginées. Il s’est en effet avérer possible de mettre en avant des espaces pouvant trouver leur place dans le cadre d’ateliers pédagogiques et, plus généralement, offrir un peu de variété dans les usages possibles :
- Côté Est, entre l’extension et le mur mitoyen en pierres massives, protégé par murets et portillons, a ainsi été créé le « jardin pédagogique », espace de terre végétale permettant l’éventuelle création d’un jardin d’herbes aromatiques, fleurs, et autres plantations.
- Côté Sud, lors de la conception de l’extension, il a été choisi de rester dans l’écriture des interventions précédentes (dont le préau verrière conçu dans les années 90 par A. Chaduc) et de trouver une solution architecturale pour absorber les interventions précédentes. Le parti a donc été adopté de se servir de l’amorce de verrière préalablement installée pour développer une sorte d’atrium a trois côtés, dont les marches peuvent servir de gradins dans le cadre d’activités pédagogiques en extérieur, et autour duquel se déroule des circulations protégées qui desservent des locaux essentiels (salle polyvalente, foyer, bureau pédagogique et secrétariat). Les bâtis construits à des époques différentes forment dorénavant un tout, rassemblé autour de cet espace extérieur singulier.