Après cinq riches années passées au sein de l’agence de JM Wilmotte, pour traiter le projet de restructuration du Collège de France, des premières études jusqu’à la livraison, Nadine Turquaud se consacre, en 1999, à la réalisation de son Travail Personnel de Fin d’Etudes.
Pour elle, confronter théorie et pratique, relativiser les acquisitions grâce aux expériences, enrichir et mûrir les constructions intellectuelles nées pendant l’apprentissage, et être ainsi en mesure d’affirmer son identité professionnelle, étaient essentiels avant d’engager ce travail de théorisation de la pensée. DPLG en poche, Nadine Turquaud démarre l’exercice libéral de sa profession début 2000. Sa pratique s’exerce alors sur deux pans distincts qui lui permettent de continuer à enrichir ces allers-retours constants entre différentes techniques, différentes pratiques, différentes expériences, différents regards, qui constituent le terreau constant de sa réflexion. L’un prend corps dans la réalisation de projets caractérisés par des programmes essentiellement privés, de petites tailles, aux budgets de travaux souvent serrés et aux enjeux complexes… Ici, la complexité se situe peu sur les aspects techniques, mais plutôt dans la perception puis la traduction spatiale des problématiques de chaque maître d’ouvrage face a un lieu toujours atypique. Dans le cadre d’une réhabilitation ou d’une extension, quelque soit le bâti, l’enjeu est toujours de trouver les bonnes réponses pour faire sien un lieu qui n’a pas été conçu, à l’origine, pour être pratiqué selon nos usages contemporains, tout en respectant ses qualités intrinsèques, voire même en retrouvant des richesses cachées ou jusqu’alors ignorées : Révéler et enrichir l’identité du lieu. Dans ce registre, le travail est fin, délicat et minutieux. L’autre pan de son activité s’exerce au service ponctuel de confrères qui, dans certaines circonstances, ne trouvent pas au sein de leur structure, les bonnes compétences au moment opportun. Il s’agit alors de programmes le plus souvent publics, de grandes tailles, aux budgets importants et également aux enjeux complexes… Ici, la complexité se situe essentiellement sur les aspects techniques : technicité dans l’élaboration des d’études et dans la direction des travaux, technicité de la gestion de l’équipe de maitrise d’œuvre et des interfaces avec la maîtrise d’ouvrage, technicités financière et réglementaire, technicité dans l’ensemble des rouages qui, au-delà de la conception, vont mener l’idée vers sa réalisation. Dans ce double exercice, Nadine Turquaud entremêle deux facettes de ce qui, pour elle, constitue un tout : d’une part, le travail de recherche solitaire, modeste et discret, toujours renouvelé, élaboré dans l’écoute puis le dialogue, à la fois du lieu et de ses occupants ; d’autre part le travail plus technique, élaboré avec d’autres pour un objectif commun, dans un cadre très contraint demandant de trouver sans cesse les solutions adéquates aux problèmes posés, tout en faisant respecter fermement les enjeux architecturaux. Outre l’intérêt que représente pour elle la complémentarité de cette double pratique, Nadine Turquaud y trouve également la possibilité d’exprimer à diverses échelles sont goût profond pour le chantier : lieu du faire par excellence, ou intellect et savoir-faire se retrouvent pour trouver le plus juste geste, pour réaliser le bel ouvrage… |